A mains nues de Paola Barbato par Paola Barbato
édité par Denoel le 3 février 2016
Pages: 560
A mains nues Davide a connu une enfance choyée, heureuse et sans histoires. Un soir, lors d'une fête, il est kidnappé et enfermé à l'arrière d'un camion. Tapi dans le noir, un inconnu lui saute dessus et tente de le massacrer. Terrorisé, Davide agit par réflexe et tue son adversaire. Il est alors conduit dans une cave, où il rejoint d'autres prisonniers. Comme lui, ils sont là pour s'entraîner à combattre et intégrer un jour l'élite des assassins. Un seul moyen pour survivre : tuer. Il remporte chacun de ses combats. Un jour, il décide de s'enfuir, mais on ne quitte pas l'organisation...
Contrairement à ce que l’on peut penser, faire la critique d’un livre peut mettre dans une position très délicate.
Si le livre est plaisant, pas de problème. Si le livre ne plaît pas on peut éviter d’en faire la critique, en discuter avec l’éditeur ou l’auteur, rédiger ce que j’appelle un LNF (livre non fini) qui est une sorte de court résumé de ce qui n’a pas plu et du coup le livre n’est pas noté ou décider qu’on dit bien que ce qu’on a envie de dire et faire la critique au risque de s’attirer les foudres de lecteurs, éditeurs et auteurs mécontents.
En général j’opte pour la dernière solution.
Mais que faire quand vous vous retrouvez face à un livre qui est magistralement écrit, une histoire à couper le souffle mais au final un livre dont VOUS SAVEZ qu’il fera beaucoup plus de mal au lecteur que de bien une fois qu’il sera lu ?
« A mains nues » a été le second livre que je devais critiquer sur ce blog mais j’ai mis presque un mois à me décider si je devais le faire ou pas. J’ai pris mon courage à deux mains et l’ai fait mais je vous laisse juge de commenter si c’était une bonne idée.
Tout d’abord et avant de commencer, malgré le bandeau en début d’article je me dois d’être redondante en indiquant que ce livre NE DOIT PAS etre mis entre les mains de jeunes adultes mais uniquement de personnes adultes et encore de personnes habituées à la grande violence. Je ne parle pas ici de livres d’horreur ou autres. Croyez-moi, j’adore les livres d’horreur et bien à côté de cet auteur, Stephen King écrit des livres pour les éditions Harlequin ! Le pire c’est que vous ne verrez rien, l’auteur ne s’étale pas sur les décors ni les mises en scènes sanglantes. Tout est suggéré. un mot, un geste et votre imagination bascule dans l’horreur, ce qui est bien pire que l’étalage d’hémoglobine auxquels les livres violents ont l’habitude. D’ailleurs « A mains nues » est un roman thriller à la base.
Il faut dire que Paola Barbato est scénariste de métier et ça se sent. Dans son écriture, pas de fioriture, pas de vides à remplir. Elle percute, elle signe, elle va droit au but avec cruauté et précision quasi chirurgicale. Elle s’arrange pour vous donner des moments de répit pour souffler entre deux scènes de violence, vous fait aimer les personnages les plus horribles, vous laisse vous attacher et puis vous le tue avec sadisme et forces détails.
C’est simple, pour l’un d’entre eux que je ne nommerai pas, le cri qu’il a poussé à sa mort m’a hanté pendant deux nuits entières, c’est pour vous dire.
J’ai fini le livre et je l’ai regretté pour plusieurs raisons : la violence du texte, les personnages si attachants et si cruellement envoyés à l’abattoir mais surtout pour la raison la plus horrible : ça pourrait se passer. en fait ça se passe certainement quelque part dans la vie réelle. Et rien que d’y penser j’en ai des frissons tout le long de la colonne vertébrale.
Si vous arrivez à la fin du livre, un dernier choc, le pire vous attend et vous finissez le bouquin sonné et surtout particulièrement coupable d’avoir continué à lire jusqu’au bout. Parce que « A mains nues » vous transforme rapidement en voyeur incapable de s’arrêter jusqu’à la dernière page et incapable de dormir après les avoir toutes lues.
J’ai enlevé une étoile pour la couverture qui n’est franchement pas à la hauteur du livre.
J’ai enlevé une étoile parce que jamais je ne conseillerai l’achat de ce livre à mon meilleur ami (mais sans hésiter à mon pire ennemi).
Mais je n’ai pu en enlever plus. L’écriture est juste magistrale, les personnages sont décrits de façon précise et attachante et l’histoire est addictive dans le sens le plus vicieux du terme.
Oui, je crois que livre ce livre s’apparente assez à l’assouvissement d’un vice et le fait qu’il soit écrit par une femme m’a totalement sidérée.
A cause de ce livre j’hésite cependant à lire son second ouvrage… On verra lorsque j’aurais guéri des coups que j’ai reçus avec celui-là.
Ouahouh ! Alors la question après avoir lu cet avis complexe (que je vous félicite d’avoir tenu à rédiger en en soulignant cette complexité, justement… et en nous donnant des éléments pour y réfléchir…) la question que je me pose donc, c’est : « Ai-je envie d’essayer de me lancer là dedans ? » J’aime l’écriture qui tente de mettre en mots l’indicible en matière de sentiments et de ressentis… Je suis curieuse de découvrir comment cette auteure écrit… Mais 550 pages de mal être avec l’histoire et avec moi-même… j’hésite.
Alors là pour mettre elle met. D’ailleurs pour être honnête sur le moment j’ai lu « Paolo » et non « Paola » et quand j’ai relu le nom de l’auteure j’ai été sidérée que ce soit une femme. Ce qui est vraiment épatant c’est qu’il n’y a rien de grossier, tout est en finesse mais c’est tout simplement horrible. Par exemple dans le livre on s’attache à un personnage, Rafaelo, parce que le héros l’aime aussi et pour le punir leur « maître » décide de le faire combattre et de forcer le héros à regarder le combat. Elle le détaille puis à un moment elle dit en parlant du combattant « Soudain Magma et Rafaelo ne faisaient plus qu’un, on aurait dit qu’ils ne bougeaient plus. Leurs bras avaient disparus prisonniers de leurs propres corps. Pendant quelques instant on n’entendit plus que des pieds qui tambourinaient sur le béton puis une seule note, très aigüe. C’était Rafaelo. C’était Rafaelo qui hurlait sans retenue, comme un cochon à l’abattoir ». Et bien j’ai mis deux jours à m’en remettre, j’entendais ce pauvre Rafaelo hurler comme si j’y étais. 300 pages que je fréquentais ce personnage et que j’avais appris à l’aimer. Honnêtement j’en veux encore à l’auteure rien que pour ça. Pourtant le pire était à venir ….