Faites qu'il soit trop tard par HS CHANDLER
édité par Black Lab le 27/05/20
Pages: 356
"Faites qu'il soit trop tard", prie Maria. Elle a appelé la police et a avoué le meurtre de son mari, étendu dans la cuisine. Mais celui-ci a survécu... Lottie, quant à elle, se passerait bien de devoir assister au procès de Maria, auquel elle est convoquée comme jurée. Son mari proteste de cette absence forcée, et laisser son petit garçon chez la nounou ne l'enchante pas. Le destin réunit ainsi dans l'enceinte du tribunal deux femmes toutes les deux apparemment prises aux pièges de la vie domestique. Procureur, avocat, témoins,jurés... les surprises et les retournements de situation ne manquent pas. A quel point Maria est-elle responsable ? Et Lottie est-elle aussi innocente qu'elle le pense ? Les pièges ne sont pas forcément là où on le croit. Qui est coupable, et jusqu'à quel point ?
Maria BLOXHAM a tenté de tuer son mari, un célèbre et médiatisé scientifique désormais handicapé à vie. C’est avec l’arme du crime à la main qu’elle est arrêtée.
Mais tout est-il si simple ? Comment juger de la légitime défense ou du meurtre ?
Lottie, fait partie du jury. C’est une mère de famille classique, sans problème particulier …. en apparence.
Lorsqu’il s’agit de décider de la vie de quelqu’un peut-on être totalement impartial ? C’est ce que la justice demande mais comment faire la part entre ses préjugés et la vérités ?
Ce sont ces questions que traite avec brio H.S CHANDLER dans son nouveau thriller juridique.
Ancienne avocate, l’auteure décrit de façon particulièrement réaliste l’atmosphère d’un procès. On s’y croirait et on ne peut s’empêcher de réagir à l’unisson avec les jurés. Ce qui, d ‘ailleurs, nous oblige à nous poser des questions sur nous-même, nos propres préjugés et notre capacité à juger autrui.
Ce n’est pas uniquement Maria que nous jugeons, mais à travers ces douze jours de procès, chacun des membres du jury, nous compris.
Très attachée à cause féministe, HS CHANDLER nous parle aussi de la violence conjugale. Elle nous montre jusqu’où elle peut aller et surtout à quel point il est difficile de se défendre quand cette violence n’est pas forcément physique. Quand on vit l’enfer et que personne ne nous écoute, personne ne nous croit, que reste-t-il ?
L’histoire est passionnante comme un thriller, précise comme un polar et quelque fois assez… coquine. Bref un véritable page-turner qu’il est difficile de poser une fois ouvert.
L’écriture est particulièrement soignée. Ce que j’ai apprécié surtout c’est le détail avec lequel l’auteur décrit les sentiments de chaque protagoniste. Nous n’assistons pas seulement au procès en tant que lecteur mais aussi dans la tête de chaque participant qui a son opinion sur la culpabilité de Maria, opinion à travers son propre prisme, sa propre réalité.
Certaines fois c’est suffisant pour faire d’une victime un coupable ou inversement.
Les personnages, justement, sont très hétéroclites. Comme dans un jury ordinaire, ils ont été choisis au hasard et, de ce fait, ont une vie très différente, s’entendent plus ou moins bien et aussi comptent tirer leur présence forcée, un avantage qui va influer sur leur décision. Ne serions-nous pas, nous aussi, tentés d’interpréter les événements au détriment de la vérité si cela nous permettait d’en finir plus vite ou d’éviter notre quotidien ?
La couverture est à l’image de ce thriller : ce qui paraît évident (quoi de plus banal qu’une statue de la justice pour une histoire située dans un tribunal), ne l’est pas forcément (avez-vous remarqué qu’elle est enceinte et surtout qu’elle ne porte pas de bandeau ?).
Est-ce que je recommanderais ce livre ? Sans hésiter. La richesse de l’histoire, des personnages, de l’écriture ainsi que les questions posées nous obligent à à nous interroger sur notre habilité à être impartial à notre époque où tout n’est qu’apparences.
« Faites qu’il soit trop tard » n’est pas juste un bon thriller qui vous fera passer un bon moment, c’est une lecture intelligente écrite par une autrice dont on peut saluer le talent.