La peine du bourreau édité par Taurnada le 01/10/20
Pages: 256
McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451. Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l'injection létale. Quatre heures dans l'isolement de la prison de Walls. Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions. Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy. Quatre heures pour jouer le sort d'un homme. Un thriller psychologique aussi troublant que fascinant : une immersion sans concession dans le couloir de la mort et ses procédures d'exécution.
Estelle Tharreau est une des auteures que, grâce aux éditions Taurnada, j’ai eu la chance de suivre depuis le début.
Ce qui m’a le plus intéressé dans ses livres c’était le décalage qu’il y avait avec l’image qu’elle donnait (celle du tout nouvel écrivain qui n’en revient pas qu’on aime ses livres) et l’écriture particulièrement soignée ainsi que sa capacité à mener le lecteur en bateau jusqu’à la dernière page.
Les histoires d’Estelle Tharreau sont construites, je dirais même sculptées, avec une précision quasi chirurgicale.
C’est avec une certaine impatience que je me suis précipité sur « La peine du bourreau », qui est désormais le cinquième livre écrit par cette auteure de talent. J’avoue avoir pris un énorme coup de massue.
« La peine du bourreau » est de loin la plus dure, la plus ciselée et la plus aboutie de ses œuvres. On sent clairement une évolution à la fois dans l’écriture mais aussi dans la façon de traiter le thriller qui n’est plus seulement destiné au suspense mais aussi à la réflexion.
Et quelle réflexion puisqu’il s’agit ici ni plus ni moins que de parler de la peine de mort, du racisme et de la justice ! Certes l’histoire se passe aux Etats-Unis mais si vous croyez pouvoir utiliser cette excuse pour faire l’impasse sur les nombreuses questions éthiques qui vont vous « tharreauder » durant toute la lecture vous vous trompez.
Dans mes dernières critiques la concernant j’ai souvent fait remarquer le brio avec lequel l’auteure arrive à « rentrer » dans l’esprit des gens et les décrire de l’intérieur. Tous les derniers livres étant en France, je ne m’attendais pas à ce qu’elle puisse le faire aussi facilement avec une autre culture. Elle fait fort : il ne s’agit pas seulement d’une histoire qui se passe aux Etats-Unis mais racontée par un américain, un texan pur jus, et on y croit.
L’univers carcéral américain est vraiment bien documenté, l’histoire très plausible et les meurtriers décrits (bien qu’elle indique qu’ils n’ont jamais existé) sont glaçants.
Ce que je n’ai pas aimé en revanche c’est la fin. À mon avis l’histoire était déjà très riche (des fois trop) et il n’était pas nécessaire d’y ajouter ce « twist » final même si le titre nous mettait déjà en garde.
En conclusion, « La peine du bourreau » est un livre phénoménal, bien écrit, riche en rebondissements et en réflexion. Il est fort probable qu’il augure une série de livres du même genre, plus matures et peut être aussi plus so30mbres. C’est là peut-être le petit pincement au cœur que j’ai eu en le lisant. Exit la petite blondinette espiègle aux cheveux longs et au faux air innocent. Estelle Tharreau était déjà une très bonne auteure de thrillers. Avec « La peine du bourreau » elle a mis la barre beaucoup plus haut.
Je mets sans hésiter cinq étoiles. Ce livre est à lire, non pas parce que c’est un thriller incroyable, mais aussi pour les nombreuses questions qu’il pose et la psychologie « au couteau » de ses personnages.