Le sang du monstre le 22/09/2016
Pages: 288
Après avoir dénoncé sa mère, une tueuse en série, Annie, quinze ans, a été placée dans une famille d'accueil aisée, les Thomas-Blythe. Elle vit aujourd'hui sous le nom de Milly Barnes et a envie, plus que tout, de passer inaperçue. Elle a néanmoins beaucoup de difficultés à communiquer avec les ados de son âge et préfère les enfants plus jeunes, plus particulièrement une petite fille vulnérable du voisinage. Sous son nouveau toit, elle est la proie des brimades de Phoebe, la fille des Thomas-Blythe, qui ignore tout de sa véritable identité. À l'ouverture du procès de la mère de Milly, qui fait déjà la une de tous les médias, la tension monte d'un cran pour la jeune fille dont le comportement va bientôt se faire de plus en plus inquiétant.
L’histoire est captivante et totalement inédite.
Bien écrite, l’histoire se construit sur l’imbrication de deux sujets, l’un froid et dense diffus mais de plus en plus présent et l’autre, plus anodin en surface passant au second plan à mesure que l’histoire s’écrit. Milly va au collège, et comme toute nouvelle, subit les brimades de ses nouveaux camarades, vit le cliché des premiers amours et des fêtes alcoolisées, se fabrique des amitiés de soutien. Mais au-delà de l’histoire de l’adolescente, ce qui se trame en dessous, le procès, mais aussi la montée en puissance de la haine et de l’ambivalence psychologique, en font une histoire bien emmenée. Et sans révéler la fin qui est un ultime rebondissement, le sujet est juste et réel, le style, parfait. Un mélange subtil et parfaitement dosé entre quotidien et horreur. Sans aller jusqu’à dire que l’on s’identifie au narrateur, Milly-ou Annie- le lecteur rentre facilement dans l’histoire ; par contre, la présentation de l’éditeur est erronée car 3 personnes, dont les parents d’accueil, connaissent le passé d’Annie ; le rôle, d’ailleurs, du père -psychologue de métier- étant bien de préparer et d’accompagner Milly dans son quotidien jusqu’au procès. C’est d’ailleurs cette étape que l’on prend naturellement pour la fin de l’histoire. Au-delà de ce moment, une suite est donnée qui amènera l’ultime coup de maître. L’envie de faire ce qui est juste n’est ici pas forcément associée à la notion de bien ce qui interroge le lecteur sur les notions de justice, de bien et de mal justement, parfois jusqu’à nous faire entrevoir d’autres positions que les nôtres au début de la lecture. Captivés mais parfois choqués, ce livre nous interroge profondément sur la bascule vers la folie. L’ambivalence ou le dédoublement de personnalité sont autant de notions sur lesquelles on ne peut éviter de s’interroger tout au long de la lecture. Mais qui est-elle et de quoi est-elle capable? Une enfant peut être, autre chose surement, mais quoi. Seule la fin répond à votre question. Et pour la comprendre et la vivre justement, l’ensemble des éléments est nécessaire. Tout s’éclaire au point final.
Captivant, je recommande sans hésiter ce livre aux personnes avides de thriller puissant et fort. Le degré de détail est fort, mais son auteur conserve tout au long du livre la part de mystère nécessaire pour se poser LES questions. Je le recommande pour l’écriture fluide de son auteur, la précision des scènes, le sujet très bien amené et surtout se livrant au fur et à mesure. Moi qui habituellement arrive à deviner la fin, je n’ai pas vu venir le dernier chapitre.